Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/85

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Une grande marge séparait autrefois les socialistes de la tourbe politicienne de leur temps. Leur programme était inconciliable et les empêchait de se confondre avec les partisans du statu quo.

Faible minorité, d’ailleurs, l’adhésion aux doctrines socialistes ne pouvait faire la fortune politique d’un homme. La plupart des socialistes d’aujourd’hui, même ceux qui s’intitulent révolutionnaires, ont introduit de telles restrictions dans leur programme, qu’ils se confondent facilement avec les politiciens bourgeois.

S’immisçant peu à peu dans les fonctions publiques de la société bourgeoise, prenant part à son fonctionnement, ils en deviennent des rouages dociles, se pliant aux exigences de la fonction et des conventions, jusqu’à ce qu’ils se fassent les défenseurs avérés de l’autorité qui les aura ralliés.

Ce ne sont plus que de vulgaires politiciens, prenant part à tous les tripotages de coulisse pour aider à des combinaisons parlementaires qui les engagent de plus en plus dans l’ordre existant. L’étiquette de socialisme ne leur est plus qu’un mensonge pour tromper les électeurs.

Héritiers des Rouher, des Jules Favre, des Emile Ollivier et des Darimon, oui ; des Buonarotti et des Campanella, jamais.


Et, du reste, ce mot de socialisme est-il le seul qui soit dénaturé de sa signification première ?

Pour les premiers républicains, le mot de République ne signifiait-il pas un état social de liberté, d’égalité et de bien-être pour tous ?