Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/84

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Quant à ceux qui veulent s’attribuer le monopole exclusif du socialisme, il faut savoir faire la séparation de ce qu’ils affirment « vouloir » et de ce qu’ils « font ». Car, ce qui rend les discussions plus difficiles, c’est qu’une foule de gens affirment vouloir ce que vous voulez, ce n’est plus que sur l’opportunité qu’ils discutent.

Sur leur programme les socialistes révolutionnaires ont bien inscrit : la disparition de l’exploitation, l’égalité sociale pour tous, la suppression des privilèges et de la propriété.

Mais, déclarant d’avance que la plupart de leurs desiderata ne sont réalisables que dans un avenir plus ou moins éloigné ; ne prenant, dans les anciennes conceptions socialistes que ce qu’il y avait de mauvais, c’est à la conquête du pouvoir qu’ils ont voué tous leurs efforts.

Partisans convaincus de la liberté la plus complète de l’individu, affirment-ils, ils commencent par vouloir plier toutes les consciences au credo de leur programme étriqué.

S’accommodant fort bien des institutions qu’ils prétendent vouloir démolir, ils ont graduellement éliminé ce qu’il y avait de socialiste dans leur programme. Leur idéal socialiste est relégué à une époque indéterminée, transformé en paradis réservé à ceux qui se seront strictement conformés au credo des grands prêtres et les auront efficacement aidé à la conquête des pouvoirs publics.

De concession en concession, ils en sont venus à prêcher le replâtrage de la société actuelle, ayant reconnu que c’était le tremplin le plus propre à leur attirer le gogo-électeur.