Page:Grave - La Grande Famille.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Jusque-là, la famille Caragut avait vécu comme la moyenne des ouvriers, gagnant à peu près leur pain ; n’étant ni bien ni mal, subissant sans trop s’en apercevoir cette vie végétative, lot de ceux qui produisent.

Mais, tout à coup, la maladie entrait au logis. Ce fut d’abord la mère atteinte d’une affection de poitrine, si pénible, qu’une fois les crises passées, elle avait à peine la force de se tenir debout.

Il fallut payer le médecin, les médicaments : le père et le fils durent travailler ferme et prolonger les journées pour nourrir la maisonnée qui se composait encore de deux filles dont l’une, de deux ans plus jeune que son frère, venait à peine de sortir d’apprentissage et dont le modeste gain allait grossir celui du frère et du père ; l’autre était une fillette de cinq ans.

Caragut revoyait, non sans une douce mélancolie, le visage émacié de sa mère. Minée par la souffrance, la pauvre femme résistait à la maladie, voulant surmonter le mal, se traînant par la chambre et se tenant aux meubles pour vaquer aux soins du ménage, jusqu’au jour où, définitivement terrassée, elle s’alitait pour ne plus se relever.

Ce furent alors des accès de mauvaise humeur de la part de la pauvre femme, la difficulté de lui faire prendre les drogues qui la dégoûtaient, son