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Page:Grave - La Grande Famille.djvu/103

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de l’an où il avait été d’une bêtise incroyable : c’était après la guerre, on continuait à se voir, mais on n’était plus voisin, chacun ayant tiré de son côté. Marthe et son père étaient venus souhaiter la bonne année chez les parents Caragut. C’était maintenant une belle fille de dix-sept ans. Lui avait un an de plus, mais en grand dadais qu’il était, n’avait osé l’embrasser que sur la remarque qu’elle lui en fit. En y pensant encore, il se serait battu, mais sa timidité était insurmontable.

Cette idylle fut brusquement interrompue. La sœur de Marthe travaillait dans le même atelier qu’une sœur de Caragut, une dispute s’engagea entre elles dont les parents s’en mêlèrent, on se fâcha, et, finalement, on cessa de se voir.

Caragut qui connaissait les heures de rentrée et de sortie de Marthe, s’arrangea bien de façon à la voir encore et de causer avec elle, brûlant de s’ouvrir de ses sentiments mais remettant toujours cet aveu qui ne pouvait sortir ; dans son impuissance à se déclarer, il cessa peu à peu de la voir, et on se contenta de se dire bonjour lorsqu’on en vint à se rencontrer, tout à fait par hasard maintenant. Peut-être, qu’en face de l’incompréhensible bêtise de son amoureux, elle aussi avait renoncé à le dégeler et répondu aux avances de quelque autre soupirant moins timide.