Page:Grave - La Grande Famille.djvu/106

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Par des paroles sans suite, la malade lui disait qu’elle allait mourir, que des hommes devant qui elle s’était trouvée, venaient de la condamner.

Elle finit pourtant par se calmer, par reprendre ses sens et reconnaître ceux qui l’entouraient : l’espoir renaissait chez le fils. Mais cet éclair de vitalité eut peu de durée ; deux heures après, sans lutte, sans agonie, sa mère avait cessé de vivre,

Malgré que, dès le début de la maladie, le médecin les eût prévenus de son issue fatale, ce fut un déchirement pour le jeune homme, car il aimait sincèrement sa mère. Mais la morte enterrée, il fallut reprendre immédiatement le travail pour payer les dettes et se remettre à flot. Les pauvres n’ont pas le loisir de se bercer de leur douleur.

Un calme relatif régnait entre le père et le fils. Il fut convenu que la fille travaillerait chez eux pour remplacer la mère dans les soins du ménage.

Caragut avait dix-neuf ans, mais travaillant à la maison et, étant donnée la situation, il n’avait guère eu le loisir de se chercher des camarades et de s’amuser au dehors. Son seul délassement, à l’aide des maigres pourboires que lui donnait sa mère, était d’acheter des livres et de se plonger dans leur lecture.

Cette manière de vivre n’avait pas peu contri-