Page:Grave - La Grande Famille.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bué à augmenter sa sauvagerie. La femme était restée pour lui un être idéal, désirable, mais qui l’intimidait de plus en plus. Selon l’idée qu’il s’était faite de l’amour, d’après ses lectures des poètes, la femme était pour lui un être si immatériel qu’elle ne pouvait éprouver les mêmes besoins que l’homme, et l’acte sexuel lui semblait une chose si importante qu’il ne voyait pas la possibilité de l’oser proposer en dehors de circonstances particulières.

Deux mois à peine s’étaient écoulés depuis la mort de sa mère, qu’un matin l’aînée des filles qui s’apprêtait à aller rendre son travail, fut tout à coup prise d’étourdissements et de vomissements de sang.

Le médecin déclarait en secret au père que c’étaient les prodromes d’une phtisie galopante ; qu’il ferait son possible pour soulager la malade, mais qu’il ne pouvait rien pour la guérir.

Caragut dut reprendre son rôle de garde-malade, et soigner sa sœur qui s’était alitée dès le premier jour, pour ne plus se relever. Encore une fois l’attente d’un dénouement douloureux venait jeter son voile funèbre sur la famille éprouvée.

Les jours de beau temps, prenant sa sœur dans ses bras, il la descendait au jardin, grand comme un mouchoir de poche, qu’il avait loué dans la