Page:Grave - La Grande Famille.djvu/111

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soins du ménage incombèrent au fils, et on dut bûcher ferme.

Ayant atteint ses vingt ans, Caragut allait tirer au sort, le mois de février suivant. L’horizon était loin de s’éclaircir.

Les difficultés pécuniaires, le besoin de trimer d’arrache-pied pour y parer, avaient amené une certaine détente dans les rapports entre le père et le fils. Mais quelques semaines ne s’étaient pas écoulées depuis la mort de sa fille que le père, à son tour, tombait malade d’accès de fièvre intermittente.

Ce fut peu de chose au début, les accès étant de courte durée et à longs intervalles. Il put continuer à travailler. Mais, progressivement, les périodes se rapprochèrent, les accès durèrent plus longtemps et devinrent plus forts.

Le jour du tirage Caragut dut partir seul au Palais de l’Industrie, où se faisaient les opérations, l’Hôtel de Ville n’étant pas encore reconstruit. Le père, en proie à un accès de fièvre, ne pouvait l’accompagner, mais il promettait d’aller l’attendre à la sortie, quand il se sentirait mieux.

Son tour arrivé de mettre la main dans le sac, Caragut amena le no 28. Il devint pâle comme un condamné à mort. Arrivé à la porte, dans la foule des parents et amis des conscrits attendant de l’au-