Page:Grave - La Grande Famille.djvu/114

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guement entrevu à l’étalage des horticulteurs du quai de la Mégisserie, cela lui souriait. Il y avait bien les fièvres, la dyssenterie, mais il lui semblait plus facile d’y échapper qu’au peloton d’exécution.

Revenant à sa situation présente, il se demandait ce qui avait pu empêcher son père de venir l’attendre. Précédemment, les crises de fièvre ne duraient pas longtemps et ne l’affaiblissaient pas au point de l’empêcher de sortir.

Aussi, arrivé dans le quartier, il lâcha les amis chez un marchand de vin et courut à la maison. Son père, auprès du poêle où ronflait un feu ardent, était assis, abattu, grelottant, claquant des dents, comme s’il eût subi un froid polaire. Le lendemain il entrait à l’hôpital.

Caragut restait seul, avec sa jeune sœur à soigner. Leurs promenades, le dimanche, les conduisaient voir le malade à l’hôpital et plus tard à l’asile de convalescence de Saint-Maurice.


Quelque temps avant le tirage, Caragut avait ébauché une amourette avec une parente éloignée dont il allait visiter la famille. Cela avait commencé par l’échange de mille confidences, de petits secrets dont le mystère semblait redoubler leur intimité.

Il sentait bien qu’il n’était pas vu d’un mauvais