Page:Grave - La Grande Famille.djvu/121

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outre la nuit passée en wagon il était resté debout l’avant-veille, pour finir son travail — Caragut se mit au lit où il ne tarda pas à s’endormir d’un sommeil de plomb.

Le lendemain on les rassembla de nouveau pour les envoyer à Pontanezen qui était désigné pour recevoir les recrues ; là, ils furent habillés, armés, équipés.


Il y avait déjà six mois que cela durait. Somme toute, Caragut n’avait pas eu encore trop à se plaindre des méticulosités et des tracasseries du métier. Jusqu’à présent aucun gradé ne s’était attaché à le harceler comme ils le font pour certaines têtes de Turcs qu’ils prennent en grippe on ne sait pourquoi.

Il souffrait bien des engueulades collectives qu’on leur distribuait avec libéralité, mais comme, en définitive, elles s’adressaient à tout le monde sans s’égarer plus spécialement sur lui, cela était tenable. Si les choses continuaient ainsi, il avait quelque chance d’échapper au conseil de guerre que lui prédisaient quelques amis connaissant son caractère. Il risquait seulement de claquer de consomption tant l’ennui et le dégoût s’étaient emparés de lui.

Depuis qu’il était au corps, non seulement il