Page:Grave - La Grande Famille.djvu/132

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à un inférieur et tenant sa tête, au front fuyant, comme on porte un « saint-sacrement ».

Pétant sec, la voix brève, il avait toujours l’air d’être perché sur un obélisque lorsqu’il regardait les simples troubades ; il les toisait de toute la hauteur… qu’il croyait avoir. Lui et le caporal Balan, étaient bien, dans la compagnie, les deux pendants et les deux bêtes noires de leurs subordonnés.

Ayant avec cela une façon de se dandiner et de remuer les fesses en marchant, de donner, à gauche, à droite, un coup de croupe en levant la jambe, on aurait dit une cane sortant de l’eau ; par sa démarche il était reconnaissable entre tous.

À la compagnie, on racontait, sur la foi de ceux qui l’avaient connu en Cochinchine, qu’il devait ses galons à certaines complaisances « envers » un officier supérieur, et sa facilité de changer de sexe en tournant le dos à l’objet de ses amours.

Or, en venant annoncer la revue d’armes, sa mauvaise étoile voulut qu’il passât près d’un lit où étaient assis deux gaillards réjouis, deux vieux soldats, « de la classe » — comme ils disaient — du nom de Perry et de Grosset, ayant connu Bracquel à Saïgon.

Malgré les « cuites » homériques qu’ils avaient l’habitude de se donner, et dont quelques-unes faisaient époque dans leur vie de poivrots, malgré