Page:Grave - La Grande Famille.djvu/133

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les mille et une imprudences dont est capable un ivrogne ; résistant aux fièvres et à la dysenterie, ils étaient revenus, joufflus, frais et vermeils, échappant à la maladie et à la mort.

Pour le moment ils étaient parfaitement ivres. Connaissant toutes les grosses blagues de caserne, ils avaient, comme toujours, autour d’eux, un auditoire nombreux, s’esclaffant d’avance aux facéties qu’ils attendaient. C’était Grosset qui tenait le crachoir.

— Vous êtes encore saouls, ronchonna Bracquel en passant devant le groupe ; que vos fusils ne soient pas propres à la revue, c’est moi qui vous « souquerai. »

Les deux compères, pris à l’improviste, surpris par l’apparition de Bracquel qu’ils n’avaient pas vu venir, trop pleins pour jouir de leur présence d’esprit, suffoqués par cette accusation de pochardise qu’un ivrogne admet rarement, ils virent Bracquel disparaître dans la chambre de détail, qu’ils étaient encore à chercher une réplique.

Le plus estomaqué était Perry.

— Dis donc ! fit-il à Grosset, qui était resté en panne au milieu de son histoire, dis donc !… il prétend que nous sommes saouls !… C’est lui qu’est paf… T’as pas vu ?… en v’là un outil !… attends