Page:Grave - La Grande Famille.djvu/139

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j’en crois ce que je vous ai, plus d’une fois, entendu raconter, se rattrapait sur l’indigène en lui volant ce qui était à sa convenance, et l’assommant s’il gueulait trop fort.

— Oh, dit Laugère, c’était franc, à ce qu’il paraît, à l’origine de l’occupation, mais quand j’y suis allé, ce n’était plus guère que dans les postes éloignés où l’on pouvait sans risques rosser les indigènes. En ville, il ne fallait pas se faire prendre, sans cela on aurait passé au conseil.

— Les officiers, reprit Loiry, fermaient les yeux, n’écoutant guère les réclamations des Annamites, mais il ne fallait pas se faire prendre sur le fait.

— Croyez-vous, demanda Caragut, que c’était propre ce que vous faisiez là ?

— Ah ! tu sais, il fallait bien se débrouiller, si on ne voulait pas crever. Ces sacrés Annamites ! on ne pouvait rien leur tirer de bonne volonté ; même en payant, il fallait taper dessus ; et comme on n’était pas toujours argenté, du moment que l’on s’apercevait que le rotin faisait marcher, dame ! on en usait.

— Et si on faisait cela en France, comment l’appellerait-on ? demanda Caragut. Si vous pénétriez dans une maison, vous emparant de ce qui serait à votre convenance, et que, pour payer, vous fassiez une distribution de coups de pieds et de coups de