Page:Grave - La Grande Famille.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grossier. Les hommes du poste tout aussi saouls que le sergent cherchaient à l’exciter, pariant, les uns, qu’il ne réussirait pas, les autres affirmant que si.

Le sergent n’hésita pas et renversant la fille sur le lit de camp, il la viola. Mis en bonne humeur les soldats voulurent avoir leur tour, et, fraternellement, on alla relever les factionnaires pour qu’ils eussent leur part de l’aubaine. La malheureuse servit de jouet toute l’après-midi à tous les hommes du poste.

On porta plainte, il y eut des enquêtes, etc., mais on prouva que la fille s’était donnée de bonne volonté. Le sergent eut quinze jours de prison pour avoir mal tenu son poste, et l’affaire en resta là. Quelques jours après, il est vrai, quand on alla relever les factionnaires, on en trouva deux qui avaient la tête tranchée : on ne sut jamais qui avait fait le coup. Le village le plus proche fut frappé d’une très forte amende, seule satisfaction que l’on put en tirer.

— Chez nous autres, en Afrique, fit un nommé Fayet qui avait fait deux ans de Sénégal, on n’y allait pas par quatre chemins. Une fois, tout un poste fut massacré par des nègres, sans qu’on pût avoir l’idée d’où ils étaient venus. On détacha une colonne aux deux villages les plus proches du poste.