Page:Grave - La Grande Famille.djvu/145

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Ses habitants furent chassés et refoulés dans la plaine pendant qu’on incendiait leurs cases et qu’on détruisait les plantations. Comme il n’y a pas besef à boulotter dans ces parages, ils ont dû y crever de soif et de faim.

— C’était tout si simplement atroce ce que l’on vous faisait faire là.

— Ah ! dame ! après tout, il faut se faire craindre, sans cela les nègres auraient vite massacré le peu d’hommes que l’on y envoie. Sans la salutaire terreur que leur inspirent ces exécutions, ils nous extermineraient en détail.

— Sans doute, ne put s’empêcher de souligner Caragut, que vous étiez envoyés pour civiliser les Sénégalais ?

Son interruption ne fut pas relevée.

— Moi, reprit Loisy, ce qui m’a le plus frappé, c’est l’exécution des trois pirates, dont un surtout, du nom de Daï Phong, était célèbre parmi les Annamites. Moyennant un peu d’argent, un indigène avait dévoilé leur retraite aux autorités françaises. Surpris, ils n’eurent le temps ni de s’enfuir, ni de se défendre, un conseil de guerre immédiatement constitué, les condamna à mort. Ils furent exécutés sur la place du village où nous nous trouvions.

Lorsqu’on les tira de prison pour les mener au lieu d’exécution, ils ne bronchèrent pas plus que