Page:Grave - La Grande Famille.djvu/147

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Ils baptisent les patriotes annamites du nom de pirates, et les patriotes français applaudissent.

— Dame ! fit Loisy embarrassé, c’est peut être vrai, mais il faut tenir compte que nous sommes peu nombreux là-bas, et, comme je te l’ai dit, sans la crainte ils ne feraient qu’une bouchée des Français. Ce sont les exemples que l’on fait de temps à autre, qui nous permettent de nous maintenir.

— Oui, je vois, ces Annamites ont le caractère mal fait : on les vole, on viole leurs femmes et leurs filles, on les assassine, on les force à travailler, on les bâtonne et ils ont le toupet de ne pas être contents ! Ils sont tellement féroces qu’ils se défendent et se vengent quand ils en trouvent l’occasion. Décidément, ils ne savent pas prendre leur mal en patience !

Seulement, je ne vois pas ce que l’on est en droit de reprocher aux Prussiens.

— Oh ! intervint Laugère, ce n’est plus la même chose : les Prussiens combattaient une nation civilisée, tandis que les Annamites sont encore des sauvages !

— Et alors, pour les civiliser, on agit encore plus sauvagement qu’eux.

— Ah ! fit Loiry, que veux-tu ? nous sommes soldats, après tout, nous devons obéir. Certainement, je préférerais rester chez moi. Mais, si on