Page:Grave - La Grande Famille.djvu/148

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n’obéissait pas, ou nous serions fusillés, ou les Annamites nous couperaient le cou… À la guerre comme à la guerre, chacun pour soi !

— Ce qui prouve qu’ayant été assez veules pour nous laisser faire la loi par une bande de filous, nous n’avons plus qu’à les aider à assassiner les autres. N’ayant pas le courage de nous révolter contre ceux qui nous prennent notre sang, notre jeunesse, nous sommes forcés de faire un métier de bandits ! Une lâcheté en entraîne une autre.

— Oh ! mais dis donc, fit Laugère furieux, toi qui as l’air de nous la faire à la leçon, pourquoi es-tu ici ? Il me semble que tu ne t’es pas révolté non plus, puisque tu t’es laissé mettre un fusil dans les pattes ; tu n’as donc pas à crâner. Quand on t’enverra là-bas, mon petit, tu feras comme les autres et tu ne diras rien.

— Si on m’envoie là-bas, je ne sais pas encore ce que j’y ferai, il est possible que je fasse comme les autres, mais cela n’empêche pas que ce soit un sale métier, et que nous ne devrions pas le subir si nous avions du cœur.

Si je suis ici, cela ne prouve qu’une chose c’est que j’ai été aussi vache que vous autres… Une seule chose nous différencie, et ce n’est pas en ma faveur, je me rends compte de ce que l’on nous commande… Si c’était à refaire !…