Page:Grave - La Grande Famille.djvu/178

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Quervan me faisait répondre pour expliquer qu’il ignorait ce que contenait la lettre précédente, et envoyait un tas de recommandations à sa promise, lui demandant de l’attendre, qu’il l’aimait bien et pensait toujours à elle ; qu’il se marierait sitôt qu’il serait retourné au pays.

Je crois même que ce qui le rendait si triste, c’était de se sentir ainsi éloigné d’elle. Pauvre diable, il n’est pas près de la revoir.

— Et tout ça, dit Caragut, c’est dû à cette vieille vache de Raillard, c’est lui qui l’a surexcité, c’est son intervention qui a amené l’explosion. Je crois que Bracquel, malgré sa rosserie, les aurait laissés aller tout de même. Il est bien tourné ce soir. Mais Raillard, je l’ai vu les guetter de sa fenêtre, il est descendu exprès pour les faire emballer.

— Il est de fait, que ce Raillard est un sale coco ; je me rappelle encore que lors de cette marche au bord de la mer, je boitais en marchant et qu’il me dit que je ne valais pas son chien ! Si jamais on venait à faire campagne ensemble !

Et alors ce fut le déballage de toutes les vieilles rancœurs dont on se soulageait en les redisant.

On se rappelait le travail excessif dont le commandant et Raillard, son bras droit, avaient surchargé le bataillon, les exercices en plein hiver,