Page:Grave - La Grande Famille.djvu/198

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s’il pouvait venir une bonne guerre ! j’y laisserais des hommes, mais je voudrais rattraper le temps perdu et y gagner mes galons de commandant !…

Les officiers étant sortis, les soldats ne purent entendre le reste.

— Hein ! ne put s’empêcher de réfléchir Caragut, on nous prêche le patriotisme, on nous parle de la défense du pays, de l’amour du drapeau, de dévouement à la Patrie ! de son honneur ! de sa prospérité ! de sa gloire ! Pour nos officiers c’est, paraît-il, moins compliqué que cela : la guerre est une occasion de monter en grade ; plus il y a de morts, plus les survivants ont de chances d’avancement. Le simple gribier ne compte pas : c’est le fumier qui fait germer la graine d’épinards !

Le clairon sonnant la reprise de la théorie, chacun se remit en place : sergents et caporaux continuèrent d’enseigner à leurs inférieurs le respect dû aux supérieurs, entremêlant leurs leçons d’histoires de saoulographie et de débauche.


Ce fut avec un véritable soulagement que Caragut entendit sonner la fin de la théorie. Ce qu’il les avait entendues de fois, ces histoires crapuleuses, depuis huit mois qu’il était au régiment ; ce qu’elles se ressemblaient toutes, ces aventures de troupiers en goguette, dont la moitié peut-être n’étaient