Page:Grave - La Grande Famille.djvu/204

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a fait faire le tour du carré et on l’a emmené. Ça faisait pitié de le voir : il ne paraissait pas avoir conscience de ce qu’on lui voulait, ni où il était, tellement il était anéanti.

— C’est égal, dit un autre, du moment qu’il n’avait pas six mois de service, je n’aurais pas cru qu’il soit condamné à une si forte peine.

— Une fois l’uniforme endossé, fit Caragut, n’y aurait-il que deux heures, on est soldat, et passible par conséquent, de toutes les rigueurs disciplinaires. Du reste, le Code pénal le dit : rien n’excuse l’insubordination.

— Alors, comme cela, dit un autre, ce pauvre Quervan a attrapé dix ans ? J’étais là quand son histoire est arrivée, mais en permission lorsqu’il a passé au conseil. Je n’ai pas su ce qui en était advenu.

— Eh ! pardi, fit Loiry, qui s’était approché, comme se passent toutes ces comédies ! Le commissaire du gouvernement réclamait la peine de mort. Le malheureux Quervan ne faisait que pleurer, disant qu’il ne savait pas, qu’il ne se rappelait de rien, qu’il ne recommencerait plus, et il pleurait comme un veau !

Le Jean-foutre qu’on avait commis à sa défense, s’est borné « à s’en rapporter à la sagesse du tribunal. » Ça été enlevé en famille. Après trois se-