Page:Grave - La Grande Famille.djvu/220

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puisse tenir dessus, tout en laissant devant et derrière assez d’ouverture pour le tirage. Ceux qui avaient pu se procurer quelques pierres plates en avaient formé des cheminées ; ces foyers des plus rudimentaires ne rendaient qu’imparfaitement les services qu’on en espérait ; les cuisiniers, également improvisés, maugréaient après leur feu qui ne s’allumait que difficilement ; la ration de bois étant insuffisante pour faire bouillir la soupe et le café, des bûcherons volontaires durent se détacher pour aller, sans être vus, en couper dans les haies, dans les taillis, partout où il y avait arbre ou branchages. Et ce bois vert augmentait considérablement la fumée, mais n’activait guère le feu.

Les gradés, comme d’habitude, brusquaient les hommes, les poussant à se hâter afin d’être prêts quand sonnerait l’ordre de se remettre en marche. — On dut se résigner à manger les pommes de terre à moitié cuites, la viande à moitié crue, pour avoir le temps de faire le café.

Et le « garde à vous ! » ayant sonné, prêts ou non, les soldats durent renverser les marmites, se précipiter pour replier les tentes, refaire les sacs, s’aligner, rompre les faisceaux et se remettre en route dans le temps théorique prescrit, toujours dépassé, du reste en pratique.