Page:Grave - La Grande Famille.djvu/227

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Caragut, comme les autres, avait dû s’avancer à l’assaut, s’escrimer à escalader des talus qu’il « fallait enlever. » À deux ou trois reprises, il avait eu à vivement s’effacer pour esquiver des coups de feu tirés à bout portant, lorsque, tout près de lui, à quelques centimètres, il vit luire le canon d’un fusil : il n’eut que le temps de baisser brusquement la tête, pendant que l’air, violemment chassé par la détonation, lui enlevait son képi.

— Bougre d’andouille ! s’écria-t-il, furieux, un peu plus tu me brûlais la gueule ! tu ne peux donc pas faire attention ? Et, sans le talus le séparant du maladroit qui, prudemment, avait reculé de quelques pas, il lui aurait certainement laissé tomber la crosse de son fusil sur la tête.

De part et d’autre, les combattants avaient fini par franchir les obstacles, se chargeant, poussant des hourras, des cris de bêtes féroces.

Heureusement, le colonel pour se rendre compte d’un mouvement qui n’était pas dans le programme, s’était porté en avant guidé par la fusillade et les cris. Voyant l’acharnement qu’y mettaient les combattants, il fit sonner l’ordre de cesser le feu, pendant que deux ou trois officiers s’efforçaient de les séparer.

On sonna le ralliement, on reforma les compagnies. Du côté de Pontanezen deux hommes