Page:Grave - La Grande Famille.djvu/228

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avaient été blessés : l’un avait la lèvre, l’autre la joue traversées de quelque grain de sable, sans doute, ou de tout autre corps étranger, introduit accidentellement dans le fusil ; un troisième avait les paupières brûlées. Du côté de Brest il y avait aussi quelques éraflures produites par des coups de baïonnette.


— Hein ! fit Caragut, en se retrouvant à côté de Mahuret, pendant qu’on reprenait position sur la route, as-tu vu ces idiots qui, un peu plus, allaient s’éventrer sans savoir pourquoi !

— Le Bobec et Duroc, ont, paraît-il, reçu des coups de fusil dans la figure ?

— Oui, et un peu plus j’avais la mienne brûlée aussi ; si je n’avais baissé la tête à temps, je recevais une décharge en pleine gueule. Faut-il être pocheté tout de même pour s’emballer comme ça ! Je ne m’étonne pas qu’il soit si facile aux gouvernants d’amener leurs sergots à se précipiter sur la foule, leurs soldats à tirer sur les manifestants. Il n’y a même pas besoin de les saouler pour cela. Ils se montent bien seuls !

À voir les individus s’emballer, je m’explique comment sont possibles les atrocités que commet la soldatesque en pays conquis. Les beaux faits d’armes que nous racontaient, l’autre jour, ceux qui ont passé aux colonies, ne sont peut-être pas tous