Page:Grave - La Grande Famille.djvu/230

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même, tu n’y changeras rien, à quoi bon se casser la tête. Certainement, j’aimerais mieux être à l’atelier rabotant des planches et assemblant des joints, mais puisque les autres pays ont des soldats, il faut bien, pour nous défendre, en avoir aussi ! Sans cela, les Prussiens viendraient nous commander, se partager la France !… Seulement, ce qu’il faudrait, ce serait d’abréger le temps de service…, trois ans suffiraient grandement.

— Hé ! bougre de Jean-Foutre, il faut des soldats, dis-tu ; mais à qui les faut-il ces soldats ? Est-ce toi ou moi qui en avons besoin pour défendre des propriétés que nous n’avons pas ? Est-ce nous qui tirons profit des colonies où on nous envoie crever ?

Ceux qui ont besoin de soldats, ce sont ceux qui nous gouvernent, ce sont ceux qui nous exploitent. Et comme ils ne sont pas si bêtes d’aller se faire casser la gueule lorsqu’ils ont toutes les jouissances de la vie, ce sont les pauvres mistoufiers comme nous qu’ils chargent de défendre ce qu’ils ont volé !

En y réfléchissant bien, je vois qu’ouvriers comme paysans, nous sommes de rudes Jean-Foutre.

Qu’est-ce que ça peut bien me faire à moi d’être gouverné par des Français ou des Prussiens ; si je