Page:Grave - La Grande Famille.djvu/231

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dois être continuellement exploité, crois-tu que les Allemands me feront payer l’impôt deux fois, et travailler le double ? À l’heure actuelle, c’est la France qui paie le plus d’impôts, voilà tout l’avantage que nous avons.

— Tu diras ce que tu voudras, mais moi je sais bien que ça ne me ferait pas plaisir d’être commandé par des étrangers ; maintenant que nous avons la République on a beaucoup de libertés que nous n’aurions pas sous le régime allemand. Tu te plains d’être soldat, mais qu’est-ce que tu dirais si on te menait à coups de bottes dans le cul ? Crois-moi, on n’est jamais content de ce que l’on a, mais en regardant autour de soi, on découvre toujours de beaucoup plus malheureux que soi.

— Oui, et c’est avec de pareils discours que l’on endort les imbéciles. Si on ne nous conduit pas à coups de bottes dans le cul, comme tu dis, c’est qu’on se doute, probablement, que nous ne l’endurerions pas ; mais en définitive nous sommes soldats malgré nous, et si on ne nous frappe pas, on ne se gêne pas pour nous engueuler salement. Quant aux libertés que nous avons, c’est qu’il s’est trouvé autrefois des individus mécontents d’en avoir trop peu qui se sont rebiffés pour en avoir davantage.

Je ne tiens pas plus que toi à être gouverné par