Page:Grave - La Grande Famille.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais le programme comportait que ledit plateau serait « défendu et emporté, » ce qui fut fait consciencieusement.

Le plateau consistait en une vaste lande tapissée de bruyères naines, à petites fleurs carminées dont le feuillage formait un tapis d’un vert-sombre que trouait, par places, la roche nue, que rehaussaient de taches d’or les bouquets de genêts rabougris et d’ajoncs marins.

Les tirailleurs couchés à plat ventre, derrière les plis du terrain, à l’abri de quelque amas de rocailles ou derrière les genêts, canardaient les arrivants qui durent se coucher à leur tour.

La plus grande partie des effectifs était en ligne ; plus loin, à la droite, sur une éminence, on voyait les officiers supérieurs se communiquant leurs impressions.

— Nom de Dieu ! fit Caragut, examinant le groupe et désignant Rousset et Raillard, si j’avais une balle dans mon fusil, ce que je vengerais les pauvres bougres qu’ils ont fait crever ; et, malgré qu’il sût son coup de fusil inoffensif, il ne put s’empêcher de le tirer dans leur direction.

— Il est de fait, que, en avant de la ligne, écartés comme nous le sommes, rien ne serait plus facile ; personne n’entendrait siffler la balle.

C’est dans une manœuvre comme celle-ci que