Page:Grave - La Grande Famille.djvu/245

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crures des feuilles des arbres et des haies des chemins.

L’air qui soufflait de la mer, tempérait l’atmosphère que le soleil n’avait pas encore eu le temps de surchauffer. Nos promeneurs étaient dans d’excellentes conditions pour leur promenade pédestre.

Cependant il fallait quelque chose pour faire descendre la soupe si hâtivement absorbée. Est-ce qu’il peut y avoir, pour le soldat, une bonne fête si le gosier n’est pas arrosé ! Il fut décidé d’un commun accord d’aller boire la goutte pour se donner des forces avant de se lancer en pleine route.

Tout près du quartier, était un débit que les amis de Brossier avaient l’habitude de fréquenter ; la petite troupe s’y arrêta et se fit servir deux quarts d’eau-de-vie qui furent lampés en un clin d’œil. Chacun fut taxé à quinze centimes, il restait à Caragut cinquante centimes de bon pour une consommation ultérieure.

Ainsi réconfortés, nos fantassins étaient les plus heureux troupiers du monde. Ils oubliaient les misères du métier, les tracasseries de l’autorité, la contrainte de la discipline, l’avilissement de l’obéissance. Ils s’en allaient, causant de leurs souvenirs, des amis laissés au pays, des parents qui les attendaient, de leurs rêves d’avenir, de leur retour au village ; quelques-uns confiant qu’une « bonne