Page:Grave - La Grande Famille.djvu/246

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amie » les attendait, et se faisant à l’avance, fête du retour.

La gaité de la campagne environnante, l’eau-de-vie aidant, leur remplissait la tête d’espoirs radieux. La caserne était loin, derrière eux ; ils oubliaient qu’ils devraient y revenir le soir même.

Il était loin de leur pensée qu’avant de retourner chez eux, ils auraient à passer par la Cochinchine ou le Sénégal, et que beaucoup ne revenaient jamais de ce voyage ! Il faut si peu de chose, quand on est jeune, pour vous faire voir la vie en rose : la vie coule si luxuriante dans vos veines, à flots si pressés, qu’il vous semble qu’elle ne tarira jamais.

Ils avaient abandonné la grand’route pour se lancer dans un petit chemin pittoresque, bordé de ces talus couronnés de chênes étiques, d’ajoncs épineux et de genêts aux fleurs d’or, dont nous avons déjà parlé !

Il avait plu la veille, de véritables mares s’étaient formées dans les ornières du chemin, barrant le passage à tous moments. Pour éviter de se crotter les promeneurs durent chercher les bosses de terrain ou les pierres émergeant de l’eau, qu’ils sautaient de l’une à l’autre, pour recommencer un peu plus loin.

Une vache qui s’était échappée d’un pré voisin, pataugeait là-dedans, obstruant le passage. Nos