Page:Grave - La Grande Famille.djvu/259

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et il y a des terrains immenses qui restent incultes faute de bras pour les faire produire. Et pour maintenir ce bel état de choses, on immobilise des millions d’hommes dans la fainéantise alors que d’autres millions d’individus s’épuisent à travailler des douze et treize heures par jour pour subvenir à tous ces frais, pour parer à tous les parasitismes.

— Oui, fit Brossier, tout cela est bon, mais encore une fois, il faut pouvoir se défendre si on vous attaque. Qui désarmera le premier ?

— Hé ! certainement, si on vous attaque il faut se défendre, cela ne fait aucun doute ; mais comme ceux qu’on lance sur vous n’ont davantage aucun intérêt à vous attaquer, comme ils préféreraient également rester chez eux à caresser leurs femmes, embrasser leurs marmots et cultiver leurs champs, il résulte de tout ceci, que c’est notre bêtise à tous qui fait la possibilité de la guerre. Or, l’individu intelligent qui s’aperçoit qu’il fait une bêtise s’arrête ; pourquoi les peuples n’agiraient-ils pas de même ? C’est parce que ceux qui nous gouvernent ont intérêt à nous exciter les uns contre les autres pour prolonger leur exploitation, nous maintenir plus solidement sous le joug.

Caragut, une fois parti sur son terrain favori, s’enflammait sans s’en apercevoir et ne s’arrêtait plus.