Page:Grave - La Grande Famille.djvu/30

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sais ? la farce est en bonne voie. Mon Bouzillon va, tout à l’heure, se trouver comme par hasard sur le chemin de Loiseau qui aura cramponné Pouliard à la sortie de chez le vaguemestre ; sous prétexte d’arranger l’affaire, on ira prendre un verre ; une fois qu’ils seront en train… ce qu’ils vont écorner le mandat !… c’est un miel !… Si mon Pouliard rentre avec de l’argent, il aura de la veine.

— C’est beau, tout de même l’armée ! fit ironiquement Caragut. C’est une grande famille, nous dit-on. Elle est propre la grande famille ! On s’y exploite aussi salement que dans la petite.

— Et, note bien, que Pouliard étant une bonne bête, on ne s’est pas mis en frais d’imagination pour trouver un prétexte et le menacer de salle de police ; mais s’ils avaient eu affaire à un type moins facile à influencer, ils auraient corsé le prétexte, voilà tout !

Une fois, Bracquel étant de semaine et Bouzillon faisant la chasse, ils tombèrent sur un copain récalcitrant et provoquèrent de sa part une réponse un peu vive. Loiseau le menaça de lui porter deux jours de prison avec un motif de réponse inconvenante, espérant lui foutre le trac et le rendre plus souple. L’autre, au contraire, s’emporta, le mit au défi de porter quoi que ce soit, et récidiva son apostrophe. Pendant la dispute, un officier qui passait