Page:Grave - La Grande Famille.djvu/302

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L’inspection générale avait été passée à Brest quelque temps avant qu’on ne l’annonçât à Pontanezen ; ce jour-là Caragut était de garde à la police du quartier : il se rappelait l’entrée du général, l’empressement, l’obséquiosité des gradés qui se pressaient derrière lui, quêtant un regard, un geste d’approbation.

Il revoyait, entre autres, un petit commandant, rond comme une boule, qui, dans son affolement, sans doute, n’avait pas entendu les trois appels réglementaires que le clairon de garde doit sonner à l’entrée du général dans le quartier, et qui se démenait à la suite du grand chef, se tournant du côté du clairon, portant son pouce à la bouche, le petit doigt écarté, pour lui faire comprendre qu’il devait emboucher son instrument.

Et, en arrière du général, c’était à qui se trémousserait en signes désespérés, soit pour faire enlever un objet non réglementaire ayant échappé à la vigilance de ceux chargés du nettoyage de la cour, soit pour rectifier un alignement défectueux chez les hommes de garde rangés devant le poste.

Raide comme pieu, le général s’avançait ayant à peine daigné jeter un regard sur les officiers qui lui avaient emboîté le pas, ayant, derrière lui, l’air de chiens couchants.