Page:Grave - La Grande Famille.djvu/48

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tendaient que l’on rappelât pour l’exercice : Escrime à la baïonnette, portait l’ordre de service du jour.

Mais la neige tombant toujours, on espérait qu’il y aurait contre-ordre, et que l’on substituerait à l’exercice en plein air, la théorie dans les chambres.

Grande fut la déception, quand, à l’heure dite, le clairon appela tout le monde dehors.

Fidèle à son objectif : aguerrir ses hommes, Rousset — le commandant de Pontanezen — voulait que l’exercice eût lieu comme d’habitude. Les compagnies durent sortir dans la cour du quartier, répondre à l’appel et prendre place à la manœuvre.

Rousset et Raillard tenaient à ce que leurs hommes pussent tenir campagne, disaient-ils, mais n’étant pas obligés de prendre part aux exercices, ils se chauffaient tranquillement, chez eux, pendant que les officiers subalternes, furieux de la corvée qu’on leur imposait, ronchonnaient entre eux des exigences du commandant.

Leurs imperméables n’empêchaient pas la neige de leur fouetter le visage et la boue gelée qui fondait sous leurs pas de leur glacer les pieds. Ils étaient d’une humeur massacrante, pour un mouvement mal exécuté, pour un rien, parfois. Pour le plaisir de déverser leur bile, ils rabrouaient les