Page:Grave - La Grande Famille.djvu/49

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hommes, et les épithètes « bande de rosses », « bande de c… » de pleuvoir sur les pauvres soldats forcés de garder pour eux leur propre mauvaise humeur.

Là il y avait entre autres, un lieutenant nommé Losteau nouvellement arrivé de Cochinchine et attendant un congé de convalescence, qui ne décolérait pas.

Ayant trouvé la compagnie allant à la dérive, la discipline passablement relâchée, jaloux de faire du zèle, rendu grincheux par une maladie de foie qu’il avait rapportée de là-bas, il avait juré que « ça changerait » et talonnait continuellement les caporaux et les sous-officiers, pour qu’ils punissent les soldats.

Après l’appel, la compagnie avait été divisée par pelotons d’une dizaine d’hommes environ, espacés de façon à permettre les évolutions de l’escrime à la baïonnette.

Dès les premiers exercices, Losteau trouva que le peloton, commandé par Loiseau, avait mal pris ses distances, et une averse d’injures vint, concurremment avec la neige, tomber sur les soldats, courbant la tête des malheureux, les abrutissant au point de ne plus savoir où ils en étaient.

Dans leur empressement à exécuter les commandements, crainte d’arriver en retard, ils rataient