Page:Grave - La Grande Famille.djvu/62

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sur la falaise et retomber avec fracas sur les rochers, produisant de sourds roulements changés parfois en mugissements sonores, se rapprocha du groupe.

— Hé bien ! quoi ? il est logique, le commandant ! Son but n’est-il pas d’avoir des hommes trempés.

— Des hommes trempés, interrompit un loustic, il y a la main. Nous le sommes assez, comme cela, aujourd’hui.

On éclata de rire dans le groupe.

— Quand je dis trempés, c’est à l’épreuve des maladies, des hommes pouvant résister aux fatigues d’une campagne. Il l’atteint ce but. Qu’a-t-il besoin de regretter les non-valeurs qui succombent à ses expériences d’entraînement ?

— Tiens ! je croyais que ça te déplaisait d’être soldat, que tu trouvais le métier bête ? et tu vas prendre la défense du commandant maintenant ?

— Bougre d’andouille, ça ne me plaît pas plus qu’à toi d’être soldat, mais est-ce que tu t’imagines que c’est pour te mettre dans du coton que le gouvernement te fout un fusil entre les pattes. Il lui faut des soldats, il en fait, tant pis pour ceux qui en crèvent….

Le clairon sonna le rassemblement. Aux faisceaux ! Aux faisceaux ! criaient les officiers, sous-officiers et caporaux. Ce n’était pas encore la grand’halte,