Page:Grave - La Grande Famille.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il n’y avait eu qu’un quart d’heure de repos. Chacun courut à son rang.

L’ordre de rompre les faisceaux fut donné. Les clairons embouchèrent un pas accéléré, et le bataillon se remit en marche.


Les soldats, fatigués, mornes, énervés par la pluie qui tombait toujours, marchaient tête basse, n’étant plus soutenus par l’entraînement, les membres raidis par la fatigue que le peu de durée de halte avait encore accentuée.

Les officiers maugréaient aussi entre eux, trouvant que le commandant en prenait à son aise à leur égard. Mais, ne pouvant dire tout haut ce qu’ils pensaient, c’était sur les hommes qu’ils faisaient retomber toute leur mauvaise humeur.

— Appuyez sur les crosses ! nom de Dieu ! criait l’un.

— Au pas ! tas de rosses ! hurlait un deuxième.

— Marchez au pas ! bon Dieu de merde ! entendait-on plus loin. Vous marchez comme des poules mouillées !

— Il est de fait, murmura quelqu’un dans les rangs, qu’avec un temps pareil nous ne sommes guère à sec ; seulement si tu veux faire une omelette avec les œufs que je te pondrai, tu n’auras pas de mal à casser les coquilles.