Page:Grave - La Grande Famille.djvu/65

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prême mépris, un garçon de vingt ans ! si c’est possible !… Regardez mon chien… il n’a que trois mois et il marche mieux que vous !

— Sale mufle ! murmurèrent quelques voix, lorsqu’il se fut éloigné !

— Si ça ne serait pas à lui foutre sa main sur la gueule ! ajouta un autre.


Après avoir ainsi marché plus d’une heure encore, la colonne atteignit un autre village. Lorsqu’elle fut arrivée sur la place, le commandant fit arrêter. C’était la grand’halte.

Les faisceaux furent formés. Ceux des hommes auxquels il restait de l’argent, s’éparpillèrent dans le village, envahissant les débits, harcelant les débitants qui ne savaient où donner de la tête.

Les uns demandaient à grands cris une « bolée » de cidre, pendant que d’autres voulaient un litre de vin. Ici, c’était un quart d’eau-de-vie à répartir entre plusieurs consommateurs, ailleurs c’étaient des bidons à remplir.

Le brouhaha devint infernal ; tout le monde voulait être servi à la fois. Les débitants ahuris versaient à droite, à gauche, sans savoir ce qu’ils faisaient. Pendant qu’ils étaient occupés d’un côté, ceux qui avaient bu s’éclipsaient de l’autre. Quand les cabaretiers s’apercevaient de ce manège, ils je-