Page:Grave - La Grande Famille.djvu/66

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taient les hauts cris, menaçant de mettre tout le monde à la porte.

En fin de compte, alléchés par la perspective d’une recette certaine, ils finissaient toujours par servir à boire, à condition qu’on les payât d’avance. Mais ce fut une autre histoire :

Pendant qu’ils se débattaient à compter et recompter la monnaie à rendre ou à recevoir, n’étant jamais assurés de ne pas se tromper, quelques fourrageurs, profitant du tumulte, faisaient main basse sur ce qui se trouvait à leur portée : litres d’alcool, saucissons, lard, œufs, jambons, fromages, disparaissaient dans les sacs ou sous les capotes.

D’autres faisaient la chaîne pour passer les bidons à remplir et les tendaient à un copain qui s’esquivait sans payer ; celui qui restait ne voulait payer que le sien, prétendant ne pas connaître le fuyard.

Les débitants faisaient les cent coups pour avoir leur argent, en appelant aux caporaux et sergents présents, mais ceux-ci, aussi chapardeurs que leurs hommes, donnaient raison aux troupiers en essayant de persuader aux débitants qu’ils se trompaient.

Le plus souvent, les auteurs de ces « chapardages » n’étaient pas sans argent, recevant des sub-