Page:Grave - La Grande Famille.djvu/70

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l’autre, le commandant vissé à son cheval, continuait imperturbablement son petit trot suivi des hommes qui étaient passés les premiers  ; ceux qui venaient ensuite avaient à allonger le pas et les derniers se voyaient forcés de courir pour rattraper la colonne, les sous-officiers et caporaux talonnant les retardataires, et les officiers jurant et sacrant.

Petit à petit cependant, la colonne reprenait son ordre de marche, jusqu’à ce qu’un nouvel obstacle vînt débander les hommes et les contraindre de nouveau à une marche forcée afin de se remettre en rangs.

Enfin, après avoir bien barboté dans ces chemins curieux pour le promeneur qui flâne à l’aise, mais fatigants pour une marche ordonnée, la colonne joignit la grand’route où les hommes purent reprendre une allure plus régulière.

Les soldats étaient exténués, sur les dents, un silence morne pesait sur la petite troupe ; de la tête à la queue le silence était complet.

— Hé bien ! les enfants ! fit tout à coup un capitaine qui voyait ses hommes trainer la jambe, marchant comme à un enterrement, ça ne va donc pas ? du nerf, nom de Dieu ! un coup de gueule, tonnerre ! une chanson de route, il n’y a rien de tel pour enlever le pas.

Et joignant l’exemple à l’invitation, il entonna