Page:Grave - La Grande Famille.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

idiot de vouloir nous forcer à nous mettre en tenue déjà.

— Ho ! vous ! vous avez toujours quelque chose à dire… Ça m’étonnerait si vous n’aviez pas ronchonné… Que je vous pince jamais… je ne vous dis que ça…

Caragut allait répliquer, mais un commandement de « Fixe ! » se fit entendre, les hommes se rangèrent debout, immobiles, le long des lits, le capitaine Paillard faisait son entrée.

— Repos ! commanda-t-il aussitôt, en se dirigeant vers la chambre de détail.


Ce n’était pas un mauvais type que ce Paillard : une tête toute blanche, un ventre débordant et ballottant dans la tunique qu’il entraînait dans ses ondulations ; n’ayant plus que deux ans à faire pour atteindre sa retraite, il avait fait son deuil de tout avancement ; ses espérances se bornaient à obtenir la croix qui lui était promise.

N’étant plus un officier « d’avenir », il se contentait d’être un officier « méritant », faisant tout juste de service ce qu’il en fallait pour avoir de bonnes notes, sans excès de zèle mais observant strictement le règlement.

Ne restant jamais à la compagnie en dehors des heures de service, il n’embêtait pas les hommes ;