Page:Grave - La Société future.djvu/108

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pitoient sur leur sort, nous n’aurons pas cette hypocrisie, car leur sort ne nous émeut guère et nous trouvons que celui qui n’a jamais connu que la misère est bien plus intéressant que celui qui ne cherchait son bien-être qu’en exploitant les autres.

C’est dans la classe de ces capitalistes au petit pied que l’on trouve les plus féroces réactionnaires, les exploiteurs les plus impitoyables ; leur avidité et leur amour de lucre, étant en raison directe de tout ce luxe qu’ils voient au-dessus d’eux, et qu’ils espèrent atteindre en devenant de plus en plus rapaces.

Lorsque les gros financiers, à l’aide de leurs mensongères promesses, leur raflent leur modeste pécule, les plongeant au fond de la géhenne d’où ils voulaient sortir en grimpant sur les épaules des autres, ils n’ont que ce qu’ils méritent, ils récoltent les fruits de leur aveuglement. Leur intérêt bien entendu, leur conseillait de se mettre avec les travailleurs, de solidariser leurs intérêts avec les leurs, de tenter leur émancipation ensemble ; leur égoïsme, leur âpreté au gain, leur vanité les a poussés vers les gros exploiteurs, tant pis pour eux, si ceux-ci les écrasent. « Qui cuyde engeigner autrui, s’engeigne soi-même », dit le vieux proverbe. Pour cette fois la sagesse des nations a raison, ce qui ne lui arrive pas si souvent.


Les travailleurs ne savent pas s’entendre entre eux, c’est ce qui fait leur faiblesse. Mais, les bourgeois, heureusement, s’ils sont unis pour exploiter le travailleur, ne le sont guère pour mener la défense de leur système.

La concurrence effrénée, la concurrence à mort qui régit leur société, règne parmi eux avec la même