Page:Grave - La Société future.djvu/109

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intensité que parmi leurs victimes. Leur société est une chasse où tous se précipitent, ardents, sur le gibier, se heurtant, se bousculant, se foulant aux pieds, pour arriver bon premier, chacun se défendant à son tour pour disputer la proie dont tous veulent leur part. L’hallali a sonné dès le début de la chasse, et la curée a commencé aussitôt, se continuant, depuis, sans interruption, la victime renaissant sous les coups des chasseurs qui la dépècent pour s’en approprier des lambeaux. Mais la victime n’est pas morte, elle peut se remettre sur pied, elle s’y remettra grâce à la division des bourgeois qui, solidaires dans l’idée d’exploitation, ne le sont plus dans la façon de l’opérer.

Si les bourgeois pouvaient faire abstraction de leurs intérêts personnels, pour favoriser leurs intérêts de classe, la situation serait insurmontable pour les travailleurs. De l’entente des bourgeois, il ressortirait un ensemble de mesures qui aurait pour effet de river les travailleurs sous leur joug d’une façon indéfinie. Heureusement que cette entente est impossible, que l’amour du lucre individuel les régit au point de ne plus comprendre l’intérêt de classe, que les ambitions politiques les mènent à se faire la guerre les uns les autres.

Et, à se faire la guerre, ils sont forcés de se porter des coups, ces coups c’est leur système d’exploitation qui, en définitive, en subit les effets destructeurs, peu à peu, ils enlèvent un coin du masque, dévoilent une turpitude qui, en s’étalant au soleil, fait réfléchir les travailleurs, leur enlève le respect d’un ordre de choses qu’on les avait habitués à regarder comme immuable.

Les fautes de la bourgeoisie contribuent pour une aussi grande part que la propagande socialiste, dans