Page:Grave - La Société future.djvu/117

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cun bénéfice, diminuer aucun privilège, sans compromettre en rien l’édifice.

Heureusement que la peur ne raisonne pas, et la bourgeoisie a peur et s’affole devant les réclamations des travailleurs. Heureusement que la nécessité de consolider et de défendre l’état présent lui empêche de voir ce qui serait nécessaire pour le consolider contre les attaques futures. On démantèle un coin pour en fortifier un autre, on se sert des matériaux que l’on a sous la main, sans s’inquiéter s’ils ne seraient pas plus utiles ailleurs, et l’édifice se trouve ainsi replâtré pour quelque temps, mais les lézardes grandissent toujours et le moment ne tardera pas à venir où tout replâtrage sera impossible, où la démolition complète sera nécessaire, afin de faciliter la reconstruction d’un nouvel édifice.


Ne nous plaignons donc pas du positivisme de la foule. Nous pouvons être tristes parfois de la voir impassible devant les plus criantes injustices, froide devant les débordements de boue, semblant s’y enliser elle-même, ce positivisme la garde de s’engouer trop des hâbleurs ; lors même qu’elle semble s’emballer pour eux, ce n’est que leur utilité qu’elle envisage, c’est elle-même qu’elle acclame en eux.

Si les paroles de vérité la trouvent incrédule lorsqu’elles ne flattent pas ses passions, elle ne croit qu’à moitié ceux qui parlent comme elle pour la flatter, et son emballement pour ses fétiches la quitte encore plus vite que ça ne la prend. Au fond, le travailleur ne cherche qu’une chose : son affranchissement ; tout en paraissant accepter, les yeux fermés, les idées qui lui sont soumises, il les scrute, les pèse et les discute.