Page:Grave - La Société future.djvu/135

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contre ceux qui ne seraient pas de leur avis, se considérant, eux, assez intelligents pour ne pas en avoir besoin, mais qu’ils dénient cette faculté à d’autres. N’est-ce pas là une singulière façon d’envisager la liberté ?

Il est vrai que certains adorateurs de l’autorité ont prétendu que, plus l’homme se développe, plus il devient esclave de l’association ; et, au nom de la science, ils essaient de prouver que l’autonomie ne peut plus exister dans une société développée. C’est une insanité que nous aurons à réfuter plus loin.

D’autres, hantés par cette idée de la dépendance de l’individu dans la société, mais n’osant, pourtant, conclure à cette monstruosité, sont moins affirmatifs et absolus, mais réclament une autorité mitigée, objectant qu’étant très difficile de contenter tout le monde et son père, il faudra pourtant bien prendre une moyenne, et établir des règles pour que personne ne puisse empiéter sur son voisin.

Contenter tout le monde est absolument impossible, en effet ; mais nous ferons observer que cela est vrai, surtout lorsqu’on veut plier tout le monde à la même façon de vivre, courber tous les individus sous la même domination. Ce qui est toujours selon nous, — le plus court chemin pour mécontenter tout le monde, sauf ceux qui s’emparent du pouvoir.


Aussi, ayant peur de la liberté complète, ne sachant sur quoi baser leur autorité[1], ces autocrates en retombent à prôner la majorité ; cette bonne vieille

  1. Ici nous parlons des socialistes ; car certains théoriciens bourgeois, entre autres un M. Le Bon, auteur de différents ou-