Page:Grave - La Société future.djvu/143

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geait la réalisation des promesses, c’était du fer et du plomb qui étouffait ses murmures.

Pour qu’il n’en soit plus ainsi, pour qu’on ne leur remette pas, le lendemain de la lutte, le joug qu’ils auront brisé la veille, lorsque les travailleurs seront amenés encore une fois à user de la force pour reconquérir leurs droits, il faut qu’ils sachent ce qu’ils veulent, quelles sont les institutions qui leur sont néfastes, afin qu’ils ne se laissent plus tromper, qu’ils n’aient plus à se reposer sur personne du soin de les conduire, et sachent d’eux-mêmes faire table rase de ce qui doit définitivement disparaître.

Certes, il est facile de dire : « Ne nous occupons pas de ce qui se passera demain ; à chaque jour suffit sa tâche ; occupons-nous de détruire ce qui nous gêne, nous verrons ensuite ». Nous comprenons fort bien l’impatience que l’on peut éprouver de sortir du bourbier où l’humanité s’enlise, mais si nous voulons que les vérités que nous cherchons à faire comprendre soient nettement saisies par ceux que nous cherchons à convaincre, qu’ils en aient la perception nette, sachant clairement ce qu’ils veulent, et capables de ne pas se laisser dévoyer de leur chemin par les phraseurs, il nous faut bien élucider la question de l’avenir ainsi que celle du présent.

Les révolutions ne se faisant qu’à coups d’idées, nous voulons déblayer complètement le terrain sur lequel nous devons combattre, nous voulons débarrasser notre route de tous les obstacles et les préjugés qui entravent notre marche. Et ce n’est que lorsque les individus auront une conviction solidement raisonnée, qu’ils sauront se passer de meneurs.

Il ne faut plus que l’on dirige la masse avec des