Page:Grave - La Société future.djvu/154

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prenons la mise à mort d’un ennemi lorsqu’il vous met dans la nécessité de vous défendre, autant nous répugne un meurtre commis au milieu d’une mise en scène théâtrale, ordonné froidement, à l’abri de toute représaille, commis méthodiquement sur un homme réduit à l’impuissance, sous prétexte de lui apprendre à respecter la vie de ses semblables. Que l’on force le juge, alors, à exécuter sa sentence !

Est-ce que le châtiment du criminel a jamais empêché d’autres crimes de se produire ? Est-ce que toute l’organisation policière et son innombrable personnel ont jamais prévenu aucun acte de violence ? Ne les voit-on pas se multiplier sous la pression des circonstances et de la misère ? Faites donc que votre société assure l’existence de chacun, qu’elle engendre l’amour au lieu de la haine, et vous n’aurez plus d’actes de violence à réprimer.


Quant aux actes agressifs qui pourront se produire isolément, ce ne seront que des exceptions, et il est plaisant de vouloir entraver par des lois la liberté générale pour réprimer des exceptions.

La nature de l’homme n’est pas d’être malade, d’avoir un cerveau détraqué, de chercher à son dam la lutte contre ses semblables ; dans une société sainement constituée on verra les faits de violence se raréfier, les maladies, les affections cérébrales elles-mêmes s’atténuer et disparaître, la plupart n’étant que la conséquence, directe ou indirecte, des mauvaises conditions d’existence que crée la société. Tout cet héritage morbide devra s’atténuer à la disparition des causes qui l’ont produit et l’entretiennent, la race humaine