Page:Grave - La Société future.djvu/183

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que vous êtes, vous ne savez pas ce que vous dites. Ha ! ha ! elle est bonne celle-là, des ignorants qui veulent apprendre, se croyant égaux aux génies sublimes qui font la gloire de l’humanité ! Vous ne savez donc pas que la science ne peut être connue que d’une petite, toute petite minorité, qui en fait son occupation spéciale, et que, vous autres, vous devez vous résoudre à rester dans votre sphère, vous contentant de produire des jouissances pour cette petite élite, qui, seule ; seule, vous entendez bien ? représente l’humanité !

» Allez, allez ! pauvres ignorants, allez lire les livres que nous faisons à votre usage, là, vous y apprendrez qu’il n’y a, qu’il ne peut y avoir d’égalité ! Les individus naissent avec des « qualités » différentes : les uns sont imbéciles, d’autres médiocres, d’autres intelligents, d’autres plus intelligents encore, et, rarement, de siècle en siècle, un homme de génie. Or, vous ne ferez jamais que ces individus soient égaux ! Votre système aboutit à l’oppression de l’intelligence par la médiocrité, son application serait le recul de l’humanité. Le triomphe de vos théories daterait l’ère de la décadence de l’esprit humain.

» Si vous aviez appris la science, comme nous, vous sauriez que les savants — comme nous, — sont faits pour gouverner les imbéciles — comme vous. — Ne nous voyez-vous pas être forcés de faire notre lit nous-mêmes, ou décrotter nos souliers ! Voilà de bien nobles occupations pour ceux qui contemplent les astres, ou cherchent le secret de la vie dans l’étude du corps humain ! Nous ne pouvons faire de la science qu’à la condition d’avoir des esclaves qui produisent pour nous, sachez-le, une bonne fois pour toutes, et