Page:Grave - La Société future.djvu/182

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et la liberté de se créer sa part de bonheur, selon sa propre compréhension, selon son degré de développement.

Que ceux qui trouveront leur bonheur à s’empiffrer de victuailles, ou à déguster de fins morceaux, à se saouler d’alcool, ou à déguster des vins fins, soient laissés libres de cultiver leurs aptitudes. Nous ne demandons pas que la société soit tenue de leur fournir, tout préparé, le but de leurs jouissances, mais que leurs facultés aient libre champ pour conquérir ce qui doit faire leur bonheur.

Mais aussi, que celui qui aura le goût des choses artistiques ou intellectuelles, que celui qui sera avide de savoir, curieux de se retremper dans les jouissances du beau, que celui-là, aussi, ait la possibilité d’atteindre son idéal, et ne soit plus entravé dans son épanouissement par une question de vil intérêt, par les difficultés économiques que produit la société actuelle ; qu’il n’ait pas les ailes brisées parce que cette jouissance est le monopole de quelques individus et que, pour l’atteindre, la société demande, non des efforts, mais de l’argent.

Égalité de moyens, ou plutôt même facilités accordées à tous, et non égalité de but, voilà ce que nous entendons par « égalité sociale », voilà ce que savent très bien ceux qui font semblant de s’esclaffer à l’énoncé de nos revendications, mais qu’ils préfèrent tourner en ridicule, étant incapables de les réfuter.


Aux travailleurs qui réclament leur part de savoir, il faut les entendre ces pseudo-savants, répondre, se drapant dans leur prétendue science : « Mais, pauvres