Page:Grave - La Société future.djvu/220

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aptes à surmonter ceux qui seront appelés à se mesurer avec eux.

On ne peut donc à l’avance se représenter le fonctionnement de la société future d’une façon aussi précise que l’on règle les rouages d’une de ces boîtes à musique qui jouent aussitôt que le mécanisme est remonté et dont il suffit de poser le cliquet au cran désigné pour en obtenir l’air désiré.

Tout ce que nous pourrions imaginer au point de vue théorique de l’organisation, ne sera jamais qu’un rêve plus ou moins approchant de la réalité, mais qui manquera toujours de base lorsqu’il s’agira de la mise en pratique ; car l’homme compte avec ses désirs, ses tendances, ses aptitudes et même avec ses défauts, mais il n’est pas omniscient, un seul individu ne peut ressentir tous les mobiles qui font mouvoir l’humanité.

Nous ne pouvons donc avoir la prétention ridicule de croire que l’on puisse tracer un cadre de la société future ; mais nous devons nous garder aussi de cet autre défaut commun à beaucoup de révolutionnaires, qui disent : « Occupons-nous d’abord de détruire la société actuelle, et nous verrons ensuite ce que nous aurons à faire ». Entre ces deux façons d’envisager les choses, il y a place, selon nous, pour une meilleure. Si nous ne pouvons pas dire sûrement « ce qui sera », nous devons connaître « ce qui ne doit pas être » ; ce que nous devrons empêcher, si nous ne voulons pas retomber sous le joug du capital et de l’autorité.

Nous ne savons quel sera le mode d’organisation des groupes producteurs et consommateurs, eux seuls devant être les juges de ce qui leur conviendra, et