Page:Grave - La Société future.djvu/285

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production de fantaisies qui lui passeront par la tête.

Est-ce que ceux qui s’adonnent aux travaux intellectuels n’ont pas besoin de se dépenser en mouvements ? Est-ce que, à l’heure actuelle, ce n’est pas l’hygiène recommandée d’entremêler de travail manuel les travaux intellectuels ? L’escrime, la boxe, le foot-ball, si prônés aujourd’hui, ne le sont-ils pas pour refaire un peu de muscle à cette bourgeoisie qui étouffe dans son lard ?

Quel intérêt, dans ces conditions-là, auraient les individus à se refuser au travail lorsqu’ils sauront, surtout, qu’ils n’auront plus qu’à compter sur leurs propres efforts pour se procurer ce dont ils auront besoin, et qu’ils n’auront plus, entre les mains, aucun moyen de courber qui que ce soit sous leur autorité pour les forcer à produire pour eux.


Mais nous admettons volontiers — et cela, certainement, se produira — qu’il y ait, au début, des individus assez dénués de sens moral pour abuser de l’esprit de solidarité, assez avachis pour fuir le travail. Ce ne pourra être, dans tous les cas, que la minorité ; car, si ceux qui auraient fait la révolution s’étaient battus pour ne plus travailler, ils ne s’arrêteraient pas en si bon chemin ; de là à faire travailler les autres, il n’y a qu’un pas. L’établissement d’une autorité serait donc leur première besogne. Ils seraient plus rapprochés de vous que de nous.

Mais, alors, ce ne serait plus une révolution sociale qui se serait accomplie ; ce serait une guerre d’asservissement où les plus forts opprimeraient les plus faibles, où les vainqueurs exploiteraient les vaincus,