Page:Grave - La Société future.djvu/313

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l’on avait détourné ce mot de sa signification originelle et rien de plus.

Dans notre conception de l’ordre social, le mot anarchie, loin de « hurler » de se trouver à côté du mot communisme vient, au contraire, corriger le sens autoritaire que l’on pourrait être tenté de lui attribuer, d’après les emplois ultérieurs que l’on en a fait.

Si le communisme démontre que si les individus doivent vivre en société sur le pied de la plus parfaite égalité, le mot anarchie, lui, vient ajouter que cette égalité se complète par la liberté la plus absolue de l’individu, que cette égalité n’est pas un vain mot puisqu’elle n’est pas imposée, puisqu’elle ne reconnaît aucune autorité. Pas plus celle du Sabre que du Droit divin, pas plus celle du Nombre que celle de l’Intelligence. Ni Dieu ni maître ; chacun n’obéit qu’à sa propre volonté.


D’autre part, certains anarchistes, craignant de voir retomber l’idée anarchiste dans la fausse voie de la charité chrétienne, de l’abnégation et autres fariboles qui ont contribué à plier les individus sous le joug, en leur prêchant la résignation et le dévouement, nous disent qu’il faut repousser le communisme sous peine de retomber dans le sentimentalisme vague et mal défini des anciennes écoles socialistes.

Nul plus que nous n’est ennemi des absurdités qui, sous prétexte de sentiment, enseignent aux individus de respecter les préjugés qui l’entravent dans sa marche, les plient sous l’autorité et l’exploitation. Nul plus que nous n’est l’adversaire de ce sentimentalisme idiot dont les poètes et les historiens bourgeois ont farci leurs élucubrations pour fausser le jugement du