Page:Grave - La Société future.djvu/356

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société future, ces individus pourront se grouper, s’entendre, en vue de donner leurs soins aux enfants de ceux pour qui ce serait une contrainte de s’en occuper, ou qui, n’étant pas universels, — personne ne l’est — seraient bien forcés de faire appel à ceux qui sauraient pour apprendre à l’enfant, ce qu’ils ne pourraient lui enseigner eux-mêmes.

Seulement, au lieu de salariés, de gens faisant cela par contrainte, parce que la bouchée de pain en dépend, sans goût ni conviction, on aurait des individus prenant leur tâche au sérieux, s’ingéniant à la mener à bien, ayant à cœur de faire comprendre ce qu’ils enseignent ; devenant, pour ainsi dire, les parents intellectuels de leurs disciples. Et nous voilà, farouches destructeurs de la famille, qui en brisons les barrières, c’est vrai, mais pour pouvoir l’étendre à tous les objets de notre affection, à tous les êtres autour de nous, à tous ceux vers qui nous entraîne notre sympathie.

En envisageant ainsi la question, elle se résout d’elle-même, sans difficulté, sans besoin d’avoir recours à aucune intervention sociale pour l’élucider. Chacun se partage la besogne à son gré, et y trouve sa satisfaction personnelle, puisqu’il la choisit au mieux de ses tendances et de ses aptitudes.

Les autoritaires élèvent cette objection : « Si la société n’exerce aucun contrôle sur l’éducation des enfants, si ceux qui les élèveront sont libres de les élever à leur guise, ne court-on pas le risque de laisser à des individus vicieux, au cerveau étroit, la possibilité de fausser les conceptions de ceux dont ils seront les maîtres, de les convertir à loisir, et d’en faire, ainsi, un danger pour la société ? »